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mercredi 16 mars 2011

Aristide quittera jeudi l'Afrique du Sud pour Haïti

PRETORIA - L'ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide quittera jeudi l'Afrique du Sud, où il vit en exil depuis 2004, pour rentrer dans son pays avant l'élection présidentielle de dimanche, a indiqué à l'AFP un haut-responsable sud-africain sous couvert d'anonymat. "Le président doit prendre l'avion jeudi après-midi. Les détails de son itinéraire seront communiqués" lors d'une conférence de presse juste avant son départ, a déclaré cette source mercredi.
Les Etats-Unis avaient demandé lundi à l'ancien président de différer son retour pour ne pas perturber le second tour de la présidentielle qui doit opposer l'ancienne Première dame Mirlande Manigat au chanteur populaire Michel Martelly.
"Un retour avant le scrutin peut potentiellement déstabiliser l'ensemble du processus politique", a de nouveau estimé mercredi l'ambassade des Etats-Unis à Pretoria.
"Nous encourageons le gouvernement sud-africain (...) à faire pression sur l'ancien président pour qu'il reporte son retour", a ajouté sa porte-parole, Elizabeth Trudeau.
"Les Etats-Unis doivent voir ça avec le gouvernement haïtien. Si on lui a donné un passeport, ce n'est pas à nous de décider quand il doit quitter l'Afrique du Sud", avait estimé mardi le vice-ministre des Affaires étrangères sud-africain Marius Fransman.
Haïti a fourni en février un nouveau passeport à l'ancien président, lui permettant de rentrer au pays sept ans après son départ, sous la pression de la rue, des Etats-Unis et de la France.
Ses proches ont confirmé mercredi qu'il rentrerait avant dimanche mais que cela n'avait "rien à voir avec l'élection", selon les termes de sa porte-parole en Haïti, Maryse Narcisse.
Il "s'inquiète qu'un changement de gouvernement en Haïti ne l'oblige à rester en Afrique du Sud", a expliqué son avocat Ira Kurzban.
Jean-Bertrand Aristide, 57 ans, réside à Pretoria avec sa femme et ses deux filles et travaille actuellement à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa).
Ancien prêtre se réclamant de la "théologie de la libération", il reste ultra-populaire auprès des plus humbles grâce à un discours populiste, même s'il a par deux fois été chassé de la présidence haïtienne.
M. Aristide avait fait son entrée en politique en 1985, en prononçant ses premiers discours enflammés contre la dictature de Jean-Claude Duvalier, dit "Baby Doc", qui allait s'effondrer un an plus tard. Ce dernier vient lui aussi de faire un retour remarqué en Haïti en janvier, entre les deux tours de la présidentielle.
http://www.romandie.com/infos/news2/110316140733.jz0l481p.asp

Joie et crainte pour le retour d'Aristide à Haïti

BEN FOX ET TRENTON DANIEL, THE ASSOCIATED PRESS
PORT-AU-PRINCE, Haiti - L'église Saint-Jean-Bosco, où Jean-Bertrand Aristide a déjà officié et échappé à une tentative d'assassinat, est maintenant en ruines, détruite par le séisme qui a ravagé la capitale haïtienne en janvier 2010. Mais le souvenir du prêtre devenu politicien est encore bien vivant dans l'esprit des chômeurs qui se rassemblent près du lieu de culte.
Pour eux, l'ancien président est le seul leader politique ayant jamais pris la parole au nom des pauvres, qui forment la majorité de la population haïtienne, et son retour imminent à Haïti après sept ans d'exil en Afrique du Sud n'est rien de moins qu'une merveilleuse nouvelle. «Comme si Jésus lui-même revenait», s'est exclamé Lucien Jean, 50 ans, l'un des résidants de La Saline, le quartier de Port-au-Prince où l'église est située.
Voilà des semaines que circule à Haïti la rumeur du retour de Jean-Bertrand Aristide, causant à la fois enthousiasme chez les uns et angoisse chez les autres. Plusieurs s'interrogent sur les motivations de l'ancien président et quel effet sa présence pourrait avoir sa présence sur les élections de dimanche.
Le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Marius Fransman, a affirmé mardi devant des journalistes à Pretoria que M. Aristide foulerait le sol haïtien d'ici quelques jours, tout au plus une semaine. Il a indiqué que son gouvernement aidait l'ex-politicien à préparer son voyage vers sa terre natale et que le département d'État américain, qui a demandé au président en exil de repousser son départ afin d'arriver après les élections, devait discuter de ses inquiétudes à ce sujet avec les autorités haïtiennes.
Le vote de dimanche, qui opposera Michel Martelly et Mirlande Manigat, est essentiel pour assurer la stabilité et le développement de Haïti, qui essaie toujours de se remettre du terrible tremblement de terre tout en luttant contre une épidémie de choléra. Si le premier tour des élections a été difficile, le deuxième s'annonce serré et un mot de Jean-Bertrand Aristide en faveur d'un candidat ou contre la légitimité de l'exercice pourrait avoir un impact important.
Jean-Bertand Aristide a gagné le coeur de bien des Haïtiens dans les années 1980 en délaissant la prêtrise pour la politique afin de s'opposer au régime despotique de Jean-Claude «Baby Doc» Duvalier. En 1990, il devient le premier président de Haïti à avoir été élu démocratiquement mais est chassé quelques mois plus tard par un coup d'État. Il revient au pouvoir en 1994 avec le soutien des États-Unis. Dix ans plus tard, un soulèvement armé le force à fuir l'île à bord d'un avion américain à destination de l'Afrique du Sud.
Durant son exil, M. Aristide a exprimé son désir de revenir chez lui à maintes reprises, non pas pour faire de la politique mais plutôt pour travailler comme éducateur par le biais de sa fondation. Lorsque «Baby Doc» a fait une apparition surprise à Haïti en janvier, son successeur a renouvelé son souhait. Son passeport diplomatique a été émis le mois dernier.
Même si Jean-Bertrand Aristide compte de nombreux partisans, il n'a pas que des amis. Plusieurs anciens soldats ne lui ont pas pardonné d'avoir dissous l'armée haïtienne en 1995 pour couper court à des années de répression et d'abus militaires alors que l'élite du pays lui reproche son programme centré sur le peuple.
Mais ses plus fidèles admirateurs se préparent à l'accueillir comme un héros. «Nous attendons», a affirmé Supreme Wilson, 34 ans, un autre résidant de La Saline. «Nous attendons notre président.»
http://www.journalmetro.com/monde/article/804546--joie-et-crainte-pour-le-retour-d-aristide-a-haiti--page0