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mardi 19 avril 2011

Haiti-Agriculture : La productivité de l’agriculture paysanne dépend d’abord de la volonté politique des gouvernants

P-au-P, 18 avril 2011 [AlterPresse] --- Les organisations paysannes haïtiennes estiment qu’il faut une volonté politique de l’État pour permettre à l’agriculture nationale de répondre aux attentes alimentaires des citoyens, au moment où une hausse des produits de consommation courante est observée sur les marchés internationaux et locaux. « Nous savons qu’il y’a des contraintes, nous savons que les paysans n’ont pas de terre, mais il est possible que l’agriculture paysanne puisse nourrir toute la population haïtienne », affirme Philefrant Saintnaré, dirigeant du Mouvement Paysan National du Congrès de Papaye (MPNKP).
« Pour ce faire, il faut de la volonté politique et un gouvernement qui fonctionne suivant la volonté du peuple. Il faut un État responsable », ajoute t-il .
Le responsable paysan a été interrogé par AlterPresse au lendemain des actions de mobilisation internationale conduites par des secteurs paysans à travers le monde dans le cadre de la journée internationale de la lutte paysanne (17 avril).
Plus d’une centaine d’évènements différents étaient réalisés sur les 5 continents en défense de la souveraineté de l’agriculture paysanne, afin que les populations puissent se libérer du système de production alimentaire industrielle.
« Il faut que les paysans aient accès au crédit agricole, à l’encadrement technique, à un marché pour écouler leurs produits », revendique Saintnaré, dont le mouvement fait partie de la plateforme mondiale Via Campesina, qui coordonne les initiatives globales de lutte en faveur de l’agriculture paysanne.
Contacté par AlterPresse, l’agronome Gary Mathieu, coordonnateur de la Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire (CNSA), n’écarte pas que l’agriculture paysanne puisse répondre aux besoins alimentaires de la population haitienne.
« Il faut une réforme agro-foncière, c’est –à dire : remembrer les terres, moderniser l’agriculture, trouver de nouvelles variétés de récoltes et améliorer les outils », préconise-t-il.
Aujourd’hui l’agriculture haitienne ne répond qu’à 45% des besoins de la population selon les données de la CNSA. Elle a une croissance de 0.1 % l’an contre une croissance de 3% l’an de la population.
De son coté le leader du Mouvement de Paysan de Papaye (MPP), Chavannes Jean Baptiste, plaide pour de « meilleures infrastructures agricoles » et la mise au rencart de « la politique néolibérale qui fait d’Haiti un marché libre où les puissances impérialiste viennent écouler leurs produits ».
Pour lui, l’agriculture paysanne représente « l’unique solution pour faire face aux problèmes de changements climatiques, de santé et de dégradation de l’environnement ».
La solution, dit-il, ne se trouve surtout pas dans les options de zone franche promues par la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haiti (CIRH), co-dirigée par le premier ministre Jean Max Bellerive et l’ancien président américain William Clinton.
Via Campesina estime que les politiques internationales faisant la promotion du système de production alimentaire industrielle ont échoué, n’ayant pas tenu les promesses du sommet mondial de l’alimentation de 1996.
Ces promesses se reflétaient dans l’objectif de développement du millénaire, de réduire la faim dans le monde d’ici 2015. Au contraire, le nombre de personnes qui souffrent de la faim a augmenté, passant de 800 millions en 1996 à 1 milliard actuellement, soutient Via Campesina. [rh gp apr 18/04/2011 22 :00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article10924

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