Google

vendredi 26 décembre 2008

La police et la justice du Nord-Ouest fortement impliquées dans le « pillage » de plusieurs millions de dollars trouvés chez l’oncle d’un trafiquant d

Importantes révélations à des enquêteurs étrangers
jeudi 25 décembre 2008,
Radio Kiskeya
Plus de 10 millions de dollars auraient été effectivement découverts lors de la perquisition au domicile de l’oncle du trafiquant de drogue Alain Désir dans la localité de Lavaud (Port-de-Paix, Nord-Ouest), le 12 novembre dernier. Les policiers, juges de paix et greffiers présents auraient fait main basse sur l’argent dont le partage va par la suite s’étendre à d’autres autorités du département et même de Port-au-Prince. Un représentant de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) aurait « passivement » assisté au pillage.
C’est ce qui ressort de la série d’interrogatoires menés sur place le 15 novembre dernier par des investigateurs portoricains oeuvrant dans ce dossier pour compte de la Drug Enforcement Agency (DEA) des Etats-Unis.
Des éléments d’un rapport relatifs à cette investigation circulent dans la presse. Interrogé par Radio Kiskeya sur l’authenticité d’un tel document, un haut responsable de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ayant requis l’anonymat a répondu qu’on pouvait y prêter foi et que des enquêteurs portoricains s’étaient effectivement transportés sur les lieux pour s’enquérir de la véracité de certaines rumeurs relatives au pillage de la somme découverte.
De nombreux policiers, des juges et d’autres membres du système judiciaire du Nord-Ouest sont largement impliqués dans le scandale, à en croire le document.
Un responsable de la police dans le Nord-Ouest cité dans le document aurait reconnu qu’une partie importante de l’argent a été distribuée au siège même du principal Commissariat de police de la ville. Un commissaire du gouvernement par intérim impliqué dans l’affaire, aurait avoué que 20.000 dollars américains avaient été mis de côté pour un des sénateurs du département clairement identifié dans le document et que deux autres cachettes du trafiquant de drogue, remplies d’argent, pouvaient être encore perquisitionnées.
Invité à coopérer sur le champ concernant la localisation de ces deux autres « cachettes », le commissaire du gouvernement a.i aurait refusé, affirmant avoir reçu des menaces de mort de son supérieur hiérarchique au Parquet, quelques minutes seulement avant de se soumettre à l’interrogatoire.
Les premiers éléments de l’enquête établissent que le doyen du Tribunal civil de Port-de-Paix, Me Ronel Gelin, n’aurait pas accepté d’empocher la somme de 10.000 dollars que lui aurait offerte le même commissaire du gouvernement par intérim.
Un commis greffier bien connu dans les milieux judiciaires du Nord-Ouest aurait lui-même révélé que, au siège du Commissariat de police de Port-de-Paix, un juge de paix qui revenait de la perquisition l’a supplié de dissimuler dans sa valise plusieurs liasses de billets verts qui le gênaient quelque peu. Le moment d’après, un policier allait « manu militari » accaparer la valise et s’emparer de l’argent.
Le délégué départemental et d’autres personnes interrogées par les policiers étrangers auraient confirmé le fait que la somme découverte a été emportée et que les 510.000 dollars déclarés et remis par la suite aux autorités n’en étaient qu’une infime partie.
« Au lieu de deux millions (2.000.000.00), c’est plutôt trente-deux millions de dollars américains (32.000.000.00) qui avaient été trouvés chez l’oncle du trafiquant de drogue Alain Désir lors de la perquisition policière », a déclaré le 18 décembre dernier le Doyen du Tribunal civil de Port-de-Paix. Me Ronel Gelin venait d’apprendre « dans la presse » la décision du Ministère de la justice de le relever de sa fonction de responsable du tribunal pour « insubordination ». Il avait en effet refusé d’obtempérer à l’ordre de rouvrir les portes du tribunal qu’il avait fermées, « officiellement » pour réclamer une enquête sur l’implication de la majorité du personnel judiciaire dans le scandale.
Le magistrat a accusé des policiers et de nombreuses autres autorités, dont le Commissaire du gouvernement de la juridiction, Me Michenet Balthazar, d’implication dans le partage de cette colossale somme de laquelle un reliquat « scandaleusement modique » a été finalement déclaré et remis aux autorités centrales. Il avait révélé que le commissaire du gouvernement avait osé lui envoyer "sa part du gâteau".
En réaction, le porte-parole de la PNH dans le Nord-Ouest, Harry Registre, a rejeté le 19 décembre les accusations contre des agents de la PNH. Il a toutefois annoncé l’ouverture d’une enquête en vue d’identifier et de sanctionner des policiers qui auraient éventuellement participé au partage du butin. [jmd/RK]
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article5541